Et quand une escarmouche tourne à l'enlèvement...

[Suite de la bataille au dôme. Jyl s'est fait kidnappée par Zarock.]

Jyl avait mal au crâne. Très, très mal au crâne. C'est la première sensation qui lui parvint lorsque, émergeant peu à peu de l'inconscience, elle tenta d'ouvrir un oeil. En vain. Se forçant à respirer calmement et à juguler la vague de panique qui menaçait de s'emparer d'elle, elle se rendit compte que sa joue frottait contre une matière dure et un peu rugueuse. De la pierre sûrement.

Deuxième tentative de soulevement de paupière, beaucoup plus fructueuse que la précédente. La jeune femme redressa légèrement la tête, pour rencontrer une paroi manifestement faite de la même pierre que celle sur laquelle elle gisait, inerte. De sa nuque irradiait une douleur lancinante qui se propageait entre ses tempes, expliquant cette atroce migraine. Péniblement, Jyl acheva de s'assoir, se retrouvant par le fait assise sur ce qui ressemblait bigrement à une couchette taillée dans la pierre. Elle fronça les sourcils.

Ou se trouvait-elle au juste? Elle ne se souvenait pas de l'existence d'une telle pi-ce dans la Citadelle. D'ailleurs elle se trouvait... en plein coeur d'une bataille, selon ses souvenirs, la dernière fois qu'elle avait été conscience. Bon sang...

*Où je suis? Où je suis?*

Elle inspira profondément. La panique ne ferait qu'empirer son mal de tête.

*Chut, calme toi Jyl. Tu peux te téléporter hors d'ici*

Aussitôt pensé, aussitôt fait... essayé. Jyl se heurta à un mur. Une barrière, quelque chose qui rendait l'utilisation de sa capacité impossible. Avait-elle été immobilisée par le choc de cette pierre contre sa nuque? Elle n'en avait aucune idée. Tout comme elle l'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait.

*Alors là c'est génial. Le pompom. Bravo. Cool. Tu es dans la m*rde Jyl.* fulmina t-elle mentalement, provoquant une forte croissance de sa migraine persistante.

Machinalement, elle passa une main à la base de sa nuque. Apparement elle avait saigné, mais la blessure était superficielle. La douleur, elle, était cependant bien réelle, et elle conclut qu'elle devait avoir un sacré bleu.

"Et tous ceux qui ont essayé de sortir y ont laissé la vie..."
Uriel se détacha de l'ombre du mur, de l'autre coté des barreaux de diamant.
Il était vétu d'une chemise blanche et d'une veste noire. On aurait dit un mousquetaire de Louis XIV.

"Bienvenue au Manoir, enfin, dans ses géoles ! N'ai pas peur, tu n'as rien à craindre pour le moment. Nous n'avons aucuns interet à te tuer, enfin pas encore..."

Il ne portait pas d'arme.
D'un geste de la main, il écarta les barreaux de la cellule et entra à l'interieur avant de redresser les entraves à la liberté de Jyl.

"Je vais te donner un objet très particulier, car tu es une invité très particulière."

Il toucha du bout des doigts les poignets de Jyl, encore dans le brouillard du réveil. Des bracelets de diamant se formèrent autour, l'instar de la glace.

Lorsque la voix avait retentit, émergeant de l'obscurité, Jyl avait sursauté et avait bondit sur ses pieds, prête à en découdre malgré le fait que, elle s'en rendit compte, on l'avait totalement désarmée. Médusée, elle vit la haute silhouette de Uriel se profiler devant elle.

"Uriel" grogna t-elle en le reconnaissant.

Elle le vit s'approcher et écarter les barreaux par la seule force de sa volonté. Méfiante, très méfitante, elle recula. Que lui voulait ce Rédempteur, au juste? Que faisait-elle ici? Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions parce que le jeune homme la menotta de diamant. Elle s'écarta vivement.

"Que me voulez-vous?" fit-elle avec hargne tout en essayant de mettre le plus de distance entre elle et le Rédempteur, qu'elle savait capable de l'intoxiquer avec du diamant comme il l'avait fait pour Vexus, ou de la transpercer par elle ne savait quel tout de magie.

Machinalement, elle tira sur les anneaux qui lui entravaient les poignets, avant d'essayer une nouvelle fois de se téléporter. Mais c'était peine perdue. Elle était coincée en plein territoire ennemi, face à un adversaire contre lequel elle se trouvait pour lequel elle se trouvait dramatiquement vulnérable. Elle lutta contre la panique qui menaçait de la sumberger.

Uriel ricana un léger moment.
"Tu n'es qu'une réscapée, une survivante comme vous vous apellez, mais je veux plus, bien plus !! Tu serviras simplement d'appât... Je demanderais à Daevan de me donner un objet pour empecher des distorsions spaciales et temporelles, et on te déportera à la prison mobile, une caravanne de prisonniers qui parcours notre territoire, et lorsque tes amis viendront, il sera déjà trop tard..."

Ce plan en cachait un autre, mais seul Uriel savais aprécier les plans bien ficelés, aussi le gardera t-il pour lui même.

"Mais je ne suis pas un monstre... Tu ne peux t'échapper, donc, je te libère à moitié de tes chaînes." dit il en ne laissant aux poignets de la captive que 2 bracelets de diamant, ce qui lui permettait une mobilité totale.

En admettant qu'elle réussisse à se liberer, la résemption avait tout prévu: l'armature de la prison et des geoles était faite de diamant pur. Le chef de guerre n'avait qu'a cligner des yeux pour faire effondrer la batisse sur ses prisonniers.

Jyl darda sur Uriel un regard mauvais et s'adossa au mur derrière elle. Elle ne pouvait pas reculer plus de toute façon. Elle n'avait aucune envie de se laisser impressioner par le général Rédempteur, et devant l'exposition de son plan, elle avat sentit son début de panique se transformer en colère.

"Personne ne viendra me chercher" déclara t-elle tranquillement en croisant ses bras libérés de leurs chaînes.

Elle prit une courte inspiration.

"Les autres ne viendront pas pour la bonne et simple raison qu'ils ne tomberont pas dans un piège tel que celui-ci. De plus, ce que vous appelez votre territoire n'est ni plus ni moins que le notre, vous nous l'avez volé."

Au moins, Jyl pouvait donner libre court à sa rancoeur -accumulée depuis deux ans- sans arrière pensée. Maintenant qu'elle tenait un Rédempteur manifestement décidé à discuter (et un spécimen de choix en l'occurence) elle n'allait pas se priver de lui sa façon de penser. Prise dans sa fureur, elle se hasarda même à faire un pas vers Uriel, relevant le menton d'un air de défi.

"Le coucou, ça vous dit quelque chose? C'était un oiseau de l'ancien monde qui poussait les autres oiseaux hors de leur nids, oeufs compris, pour s'y installer à leur place, tout ça parce qu'il avait la flemme de s'en construire un lui-même! Ben vous êtes pareils!"

Résultat des courses, elle se tenait droite comme un I à deux pas d'Uriel, ses yeux pâles brillants d'une colère sourde et trop longtemps contenue. Pour qui se prenait-ils, lui et tous ses congénères, pour oser les traiter en inférieur et s'installer comme si de rien était sur un territoire qui leur avait toujours appartenu? Ils n'avaient donc rien retenu de l'avant-météore?

Ethan était tranquillement assis dans la bibliothèque du Manoir, à lire et rêvasser, sans rien demander à personne. Alors pourquoi, non d’une Bête du Chaos épileptique, pourquoi ce pseudo sous-fifre d’Uriel avait-il ressenti le besoin inéluctable de venir le déranger ? Les pieds posés sur une table et le derrière confortablement calé dans un fauteuil datant de l’avant-météore, l’attitude à la fois fière et nonchalante, comme à l’accoutumée, il était en pleine méditation. Tout à fait. Une question existentielle occupait ses pensées : couper ou ne pas couper ses cheveux ? Telle était l’interrogation du jour.

« Euh… Monsieur ? », avait geigné le page de Monseigneur le commandant des armées Rédemptrices, entrant dans la pièce à pas de loups, « Le commandant Uriel vous demande dans les cachots… Il semblerait que… Qu’une… Survivante ait été capturée… »

Ethan, calmement, descendit les pieds de la table, ferma son livre, se leva, défroissa sa tunique d’un blanc éclatant et qui, il s’en fit la réflexion, le mettait vraiment en valeur, puis fit quelques pas jusqu’au malheureux qui avait osé le déranger. Il s’amusa beaucoup à le voir reculer, jusqu’à sortir de la pièce et se plaquer contre la paroi du couloir d’en face. Le jeune homme s’avança jusqu’à se retrouver à quelques centimètres de lui, baissa les yeux et, tranquillement, lui souffla :

« Eh, l’ami… Fais attention… » Il entendit son souffle s’arrêter, recula en essayant de contenir son fou rire et commença à marcher dans le couloir. Puis, d’un coup, il se retourna, brandit ses deux mains en direction du messager et mima deux armes avec ses doigts. « Ton lacet est défait. »

Le soupir, à la fois amusé et rassuré, de sa victime, lui inspira un petit rire cristallin. Après quoi il descendit les escaliers en colimaçon pour se rendre dans les cachots. Le Manoir était beaucoup plus grand que ce que son apparence extérieure ne laissait penser, et il lui prit bien dix minutes jusqu’à parvenir dans les sous-sols de l’endroit. Des cavités étaient creusées dans la pierre des fondations et chacune était fermée par une grille d’acier infranchissable. Pour plus de sûreté, des protections anti-pouvoirs psychiques avaient été installées. A quelques mètres d’ici, il aperçut Uriel, toujours aussi calme et charismatique… Il avait le don de l’exaspérer.

Il discutait avec une femme, au timbre de la voix, probablement la Survivante dont avait parlé le messager. A ce qu’il entendait, elle n’était pas dans les meilleures dispositions par rapport au général. Il devait encore se débrouiller comme un manche, pour ne pas changer…

*Ah, ces militaires, tout ce qu’ils savent faire c’est agiter un objet coupant ! Pour les neurones il va falloir repasser… Laissons agir le Maître en la matière.*

Il avança, le plus bruyamment possible, dans le but avouer de troubler l’ambiance sereine qu’aimait voir Uriel autour de lui quand il n’était pas plongé dans une bataille jusqu’aux coudes. Sa canne claquait par terre, la cape dans le prolongement de sa tunique glissait sur le sol et il se tenait droit, le port altier, une couronne penchée juchée sur sa tête qui lui seyait si bien qu’on l’imaginait mal sans. Il s’approcha d’Uriel et détailla la prisonnière. Musclée, elle paraissait élancée, sa chevelure bleue et ses yeux clairs attiraient l’œil, mais elle était en piteux état… Décidément, que de finesse…

« Oh, Uriel. Bonjour. Je ne m’attendais pas à te trouver dans un endroit d’apparence totalement dépourvue de cadavres et autres épées. Quel bon vent t’amène ? Je te manquais à un tel point que tu t’es senti obligé de venir me déranger dans mes instructives lectures ? », lança-t-il avec un sourire aussi provocateur qu'angélique.

Uriel entendit un pas résonner dans les couloirs, un pas lourd et un tapement. Ethan et sa canne...
Ca lui faisait mal au coeur de devoir faire appel à ce rat de bibliothèque mais bon...
"Sieur Ethan, rapellez vous que sans les épées et les cadavres que mon armée à exposé sur les champs de bataille, ce manoir serait déjà sous le joug d'un ennemis."

Il considera Ethan en le balayant de haut en bas. C'est décidemernt fou ce qu'il pouvait avoir l'air ridicule avec sa couronne...
"Entre, j'ai besoin de tes services..." dit il en ouvrant la cellule d'un geste de la main.
Puis, d'une lenteur extrème, Uriel se pencha sur sa prisonnière.

"Notez que les dirigeants de l'avant-météorite étaient des coucou: Napoleon, Jules César, Hitler, Bush, et j'en passe !! Considerez nous seulement comme les nouveaux dirigeants du monde."

Le plan se mettait déjà en place...

L'échange d'amabilité qu'elle entretenait avec Uriel devenait prodigieusement interessant quand il furent plus ou moins interrompus par l'arrivée d'un nouveau personnage pour le moins... surprenant. Tout de blanc vêtu, il dégageait un charisme au moins égal à celui de Uriel, mais en plus... fascinant. Il semblait naturel que toute l'attention de la pièce soit tournée vers lui. Secouant la tête pour s'arracher à la contemplation du nouveau venu, Jyl se demanda s'il s'agissait de son pouvoir: une sorte d'aura magnétique à laquelle il était impossible de résister.

Cela dit, elle n'eut pas le loisir de le dévisager plus longtemps parce qu'Uriel se tourna de nouveau vers elle après avoir accueillit celui qu'il appellait Ethan. Réfusant de céder du terrain, Jyl resta plantée sur place, défiant le Rédempteur du regard. Elle n'en menait bien evidemment pas large, trop consciente de sa vulnérabilité face à lui, mais pas question de le montrer. Et puis si ce type avait voulu la tuer, il l'aurait fait depuis longtemps. Or ce n'était pas le cas, et elle en concluait que ce n'était pas une ou deux insolences qui allaient le décider.

Alors, devant les propos totalement hallucinants proférés par le général en armure de diamant, elle éclata d'un rire mauvais.

"Napoléon? Bush?! HITLER?! Et c'est à ça que vous voulez ressembler? Vous êtes au courant que tous ces types étaient des enflures de première? Ne nous voilons pas la face, puisque vous en avez conscience: vous êtes fous à lier! et je crois nécessaire de préciser que tout ce que vous obtiendrez de moi sera du mépris!"

Sur ces mots, elle entreprit de s'éloigner le plus possible des deux hommes présents dans la cellule.

Fous! Ils étaient fous! Ils se comparaient à Hitler, apparement sans aucune gêne ni aucune honte! La situation de Terrea était plus grave que ce qu'elle croyait.

(Uriel, tu m'excuseras, mais ceci est MON job)

"Nan, pardon, je ne savais paaaaa arghh...."

La porte s'ouvrit sur un Zarock toujours aussi encapuchonné. Un garde gisait, de multiples blessures et coupures sur le visage, pendant que des gouttes de sang voletaient autour du jeune homme. On pouvait sentir la frustration émanant de Zarock. Bien qu'il portait encore sa capuche, on voyait ses yeux brillés dans le noir et ses grognemments. Il serait les poings, et à peu de choses près, utiliserait ses pouvoirs, même contre Uriel. Zarock parla, d'une voix lente et grave

"Uriel, je n'ai absolumment rien contre vous, mais cette demoiselle est MA prisonnière, je demande donc la permission de m'entretenir en privé avec elle."

Zarock retira sa capuche, révelant une longue chevelure blanche, et un visage masqué par quelques mèches. Il s'avança lentemment, en resserant ses gantelets et s'assit sur ses talons face à Jyl. Le jeune homme glissa sa main ganté sur la joue de la demoiselle, avant d'avoir un flash: il combattait la même jeune femme dans un camp entouré par ses caravanes, elle se téléportait partout autour de lui, mais aucun des deux ne prennaient vraiment l'avantage sur l'autre. Zarock fit une grimace nerveuse avant de se tourner vers Uriel et Ethan.

"Sortez d'ici... Il y a eut assez de morts pour aujourd'hui."

La main de Zarock alla se poser sur son foureau pendant qu'il préparait des sorts au cas où il y aurait un problème. Le jeune homme ne craignait pas Uriel, il lui était certes dévoué, mais en face de Jyl, Zarock se sentait obligé de parler avec elle seul à seul. Longuemment, il fixa les deux hommes, attendant une réponse

Uriel regarda Ethan d'un oeil surpris, et il fit aparement de même...

"Nogare, je vous prie de respecter le protocole qui vous est imposé, de plus, je vous serais reconnaissant de ne plus exécuter mes hommes, je devrais moi même vous faire exécuter pour celà, et pour finir, cette personne n'est pas votre prisonnière, elle est une prisonnière de l'armée, dont je suis le dirigeant !! J'espere m'être bien fait comprendre..."

Uriel ne suportait pas cet écart de language. Ethan était là avant lui, Zarock patientera jusque là...

Ethan s’appuya nonchalamment sur sa canne et… Eclata de rire. Il avait écouté, plus amusé qu’autre chose, le commandant des armées, favori du Conseil – et blablabla et blablabla – répondre à sa provocation et n’en avait pipé mot. Non, le sourire fortement cynique qui s’était emparé de ses lèvres valait cent fois mieux qu’une quelconque réponse absurde.

Mais le moment le plus drôle, il fallait bien l’avouer, ce fut quand il commença à disserter tout seul sur les dirigeants de l’ancienne Terre. Tous des dictateurs en puissance, évidemment. « Uriel le Dictateur », comme ça sonnait bien… Ainsi c’est à ces personnes qu’il s’identifiait ? Personnellement, Ethan leur préférait largement des personnalités reconnaissables et dont le devoir de mémoire lui imposait de se souvenir. Charlie Chaplin, par exemple. Un instant, il s’imagina Uriel coiffé d’un chapeau melon noir, armé d’une canne plutôt que son immense – et ridicule – épée et une petite moustache gentiment installée sur sa lèvre supérieure… Cette vision eut instantanément pour effet un rire qu’il eut bien du mal à contrôler.

Tout aurait encore été dans la limite de l’acceptable si ce type… Quel était son nom déjà ? Zack… Raz… Zar…ock ! Voilà. Bref, lui, ne s’était pas ramené, se sentant obligé d’éblouir la galerie dans une gerbe de sang. Après tout, plus on est de fous, plus on rit ! Ce qui il y a quelques heures ressemblait encore à des geôles tenait maintenant bien plus du salon de thé. Il essuya une goutte de sang qui avait volé sur sa cape impeccablement blanche – et il ne manquerait pas d’envoyer la facture du pressing, tiens ! De l’hermine de l’ancien monde ! Non mais… - et s’avança jusqu’entre les deux hommes qui se jaugeaient comme des chats de faïence.

« Messieurs, calmons nous. A ce que je sache, il n’y a pas les flammes au lac, cette jeune fille est, comme vous l’avez si bien fait remarquer, non pas révolutionnaire mais bel et bien prisonnière. Elle ne s’échappera pas par une trappe secrète à ma connaissance, il y en aura pour tout le monde… »

Uriel, pour changer, revendiquait son grade comme un gamin de deux ans. « Moi j’en ai une plus grosse que toi, euh ! ». D’une infantilité à… Hurler de rire. Mais dans le fond, il n’avait pas tort. Pas question que Nogare s’approprie la Survivante comme si elle lui appartenait. Le Conseil devait être le premier à l’interroger, donc Uriel en tant que chef de guerre, et lui-même en tant que député du peuple rédempteur.

« Za… rock, je vous conseille de sortir d’ici. Si vous voulez absolument trucider quelque chose, allez donc sacrifier un pigeon pour vous détendre et laissez les membres du gouvernement, donc vos supérieurs, agir. Vous rendrez visite plus tard à la jeune fille que voici. Merci pour votre petite… Prestation. »

Jyl avait assisté à l'arrivée d'un nouvel homme sans réagir. Elle savait que sa capture devait représenter une certaine avancée dans la chasse aux Survivants (ils entretenaient probablement l'illusion qu'elle allait vendre ses compagnons) mais elle ne s'attendait pas à ce que toute la ville descende dans les cachots pour lui rendre une petite visite et revendiquer le droit de lui parler.

Le nouveau venu prétendit tout de go qu'elle était sa prisonnière et que par conséquent c'était à lui de s'entretenir avec elle en priorité. Alors c'était lui qui l'avait embarquée? Et de quel droit? On ne lui avait jamais apprit à laisser les jeunes filles tranquilles?

"Excusez-moi" tenta t-elle d'intervenir alors que Uriel et Ethan, sans se laisser démonter, s'unissaient de manière manifestement exceptionelle pour chasser l'individu qui avait osé troubler leur séance d'interrogatoire fourré à la folie furieuse.

Et puis l'homme souleva sa capuche, et Ethan utilisa un nom. Zarock.

L'énonciation de ce simple patronyme fit l'effet d'un coup de poing à Jyl. Ou l'effet que produirait votre estomac en tombant brusquement dans vos genoux. En un éclair, elle se mit à dévisager celui qui, sans conteste, était son cousin. Après la bataille, il avait purement et simplement disparut, et au cours des deux années écoulées, elle avait finir par faire son deuil. Il y avait même une petite plaque à son nom, gravé par ses soins, dans les jardins de la Citadelle. Le revoir ici, en vie, de l'autre côté du miroir, lui donnait l'impression de flotter dans un rêve qui n'allait pas tarder à tourner au cauchemar.

"Za... Zarock?" balbutia t-elle, son élocution rendue passablement chaotique sous le coup de la surprise. "Mais... mais qu'est ce que tu fais là?"

C'était la grande question. Uriel était le chef des armées Rédemptrices, et il semblait parfaitement connaître son cousin, et être en plus capable de le situer dans sa hierarchie mentale. Ethan, qui amusait Jyl plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre en raison de ses répliques et son charisme écrasant, le traitait même avec familiarité. Zarock était donc l'un des leurs? Il les avait abandonné pour rejoindre le camp ennemi?

Cette pensée choqua Jyl plus que ce qu'elle voulu montrer. Très raide, elle ne bougea pas d'un pouce, toujours adossée au mur opposé à Uriel.